Après un repas arrosé se terminant pile à la bonne heure, je suis sorti, seul. Il était tard mais pas trop, il était tôt mais pas trop, il faisait jour mais pas trop, il faisait nuit mais pas trop, il faisait froid mais trop, il faisait chaud mais pas assez.
Le ciel était rose, les arbres étaient bleus, c’est à n’y rien comprendre. C’était un mélange entre un soir début juin et un matin fin janvier. J’ai pris mon sweat à capuche et je me suis éloigné. Je me suis assis sur le rebord du monde, les pieds qui balancent à un rythme ensorcelant.
J’y ai vu beaucoup de bleu. Pas celui de l’espoir, celui de l’océan. J’y ai vu de la haine anonyme distribuée en 140 caractères et de l’amour stocké dans des stylos-plume. J’ai vu des gens bien rangés sur un escalator et des gamins qui courent n’importe comment et traversent sans regarder. J’ai vu l’humour muselé et l’aversion sur grand écran. J’ai vu un couple adolescent se tenant la main. J’ai vu des cœurs qui n’avaient plus les pieds sur terre et des pieds trop terre à terre. J’ai vu des feux rouges et des plaines vertes, j’ai vu des sens uniques et des carrefours culturels. J’ai vu des gratte-ciel et des mecs qui dorment par terre.
J’ai vu des féministes enragées, trop bêtes pour mener ce noble combat, et des hommes inhumains. J’ai vu des déclarations d’amour enflammées et des déclarations d’impôts. J’ai vu des mots sur des murs, des mots en l’air, des mots d’amour, j’ai vu des mots enrobés, des mots qui riment, des mots envolés, des mots chantés, des mots chuchotés a l’oreille de celle qu’il aime. J’ai vu des mots de passe, des gros mots, des mots enragés, des mots passants. Je me suis vu en train de rire ou pleurer, de me taire ou de chanter, de haïr ou d’aimer, de dormir ou de danser, j’étais trop loin pour en être sûr, mais j’étais en vie. J’ai vu de l’intelligence artificielle et de la bêtise authentique. J’y ai vu une personne seule songer au bonheur de ceux qui ne le sont pas.
J’y ai vu le Code de la route, le Code pénal, les codes postaux, les codes de ta carte bleue, les codes d’entrée, des codes sociaux, beaucoup trop de codes.
N'oubliez pas de tomber amoureux...
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